Psychiatres sous influence

Publié le par vibe

      En 2006, aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) - l'autorité de régulation des médicaments aux Etats-Unis - a reconnu qu'elle « avait de forts soupçons » à l'égard de traitements par neuroleptiques qui seraient à l'origine de la mort de vingt-neuf enfants et auraient eu des effets secondaires graves sur 165 autres victimes en bas âge, rapporte The New York Times. Sur la base de ces chiffres officiels, la FDA met en cause les relations troubles que les psychiatres américains entretiennent avec l'industrie pharmaceutique. Il est relativement courant aux Etats-Unis que des médecins soient payés pour tenir des conférences en faveur de médicaments donnés, reconnaît The New York Times. Le quotidien analyse le cas des psychiatres du Minnesota - cet état du nord des Etats-Unis étant le seul à réclamer aux médecins un compte rendu des sommes qu'ils ont reçues d'une manière ou d'une autre de l'industrie pharmaceutique. « Au Minnesota, les psychiatres sont les médecins qui ont perçu le plus d'argent des laboratoires entre 2000 et 2005. La somme moyenne reçue est de 1 750 dollars, avec des gains pouvant aller pour certains jusqu'à 689 000 dollars. » note le quotidien. Il ajoute que « les médecins qui ont reçu plus de 5 000 dollars ont prescrit jusqu'à trois plus de neuroleptiques à des enfants que d'autres médecins ayant peu ou pas touché d'argent. » Or les antipsychotique - ce terme remplaçant peu à peu celui de neuroleptique dans la littérature scientifique - prescrits pour des troubles tels que la bipolarité ou des désordres liés à l'alimentation ont des effets secondaires inattendus chez les enfants. The New York Times rapporte comme exemple emblématique le cas d'une jeune fille de 15 ans, Anya Bailey, qui a commencé à souffrir de troubles alimentaires à 12 ans et à qui un psychiatre prescrivit à l'époque une antipsychotique, le Risperdal. Pour avoir tenu des conférences en faveur de la compagnie Johnson and Johnson, fabricant du Risperdal, ledit psychiatre avait touché 7 000 dollars. Encore plus étonnant : le Risperdal est un traitement de la schizophrénie ! Il avait été prescrit à Anya Bailey en raison de l'un de ses effets secondaires : l'augmentation de l'appétit. La jeune fille a de fait pris du poids, mais elle a aussi commencé à souffrir de dystonie, un mal qui se traduit par des contractions musculaires entraînant des torsions du corps qui aujourd'hui encore handicapent la petite fille. Le quotidien signale qu'il est bien sûr illégal que les industries pharmaceutiques paient des médecins afin qu'ils prescrivent certains médicaments, tout comme il est interdit de faire de la publicité pour des produits non approuvés par la FDA. Cependant, The New York Times dénonce des pratiques parallèles.  « Les médecins sont libres de prescrire ce qu'ils veulent et les industries pharmaceutiques peuvent contrer les interdictions publicitaires en payant les praticiens pour qu'ils donnent des conférences au cours desquelles, si on le leur demande, ils peuvent traiter d'utilisations encore non approuvées. »

Source :CI / HS oct-nov-dec 2008.


Commentaire de Vibe :

Dans notre société, où l'utilisation d'anxiolytique et d'antidépresseurs tend à se banaliser, il faut rester vigilant face à l'utilisation de ces médicaments qui agissent sur le système nerveux central surtout chez les enfants dont le cerveau est en plein développement. Il existe des alternatives saines (modifications alimentaires, prise de compléments alimentaires, approches psycho-corporelles)  qui peuvent aider à améliorer les troubles du comportement de nos petits. Voir aussi Le prozac pour les enfants arrive en France...faut-il s'en inquiéter?

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